L'Odéon d'Herodeaticus

Un bien joli nom pour un bien triste endroit en vérité...
Ici sont emprisonnés et torturés les criminels, ainsi que les simples souffres-douleurs des Dieux.
En attendant leur jugement ou leur châtiment, les pauvres âmes hurlent leur désespoir et leur douleur à toute heure de la journée, donnant parfois l'effet d'un spectacle d'opéra, d'où le nom donné ironiquement: Odéon(littéralement construction destinée à des concours musicaux, mot dérivé du grec «chanter»)...

Les deux membres de la brigade d'élite lâche Sendièl à l'entrée d'un cachot et le pousse à l'intérieur.

Saïthos s'avance lentement et demande à ses hommes de le laisser seul avec le prisonnier.

L'endroit est sale, glauque et humide. Des rats courent ça et là. Non loin d'eux, Sendièl peut entendre les plaintes et les suppliques des autres prisonniers.

Sendièl ne pouvait rien faire. Il s'était laissé emporter hors des appartements de Zeus, incapable de réagir. Le
front en sueur, le souffle court, il avait l'impression de mourir à chaque seconde. La douleur était si forte qu'elle lui arracha une larme.

"Saïthos...Murmura-t-il dans un soupir. Tu..."

L'ange ne put terminer sa phrase, accablé. Il ferma doucement les yeux.
Brusquement, la colère de Virael le dévora tout entier. C'était comme si ce dernier résistait avec force face à cette insupportable souffrance.
Mais le corps de Sendièl était trop faible pour qu'il pût tenter quoi que ce fût.
Son regard s'irrisa de pourpre mais il demeura immobile.

"Vous me paierez ça...croyez-moi...vous allez le sentir passer..."

Plus il murmurait, plus sa haine augmentait dans le coeur de Sendièl.
Il tremblait de rage. Ce sentiment était si intense que pendant une courte
seconde, il perdit toute sensibilité à la douleur. Elle l'attaqua à nouveau, décuplée, mais il ne broncha pas.
Un sourire terrifiant nacquit au coin de ses lèvres. Il entendit le collier se craqueler une fois de plus.

"Je vous ferai comprendre ce qu'il en coûte...le sang des Anges est
certainement le meilleur que j'ai eu l'opportunité de boire..."

L'avatar savait que Saïthos allait riposter rapidement face à ses
remarques mais il ne se tut pas pour autant. Cela lui permettait de rester conscient et d'oublier une part de la situation.

"Quelle bande de cons vous faites! Les petits pions des Dieux qui obéissent comme des crétins! Superbe!"

Sendièl fut abasourdi par le désir de meurtre que Virael dégageait.
Son esprit était envahi d'images terrifiantes, plus terribles encore que tout ce qu'il avait pu voir jusque là.
Il se surprit à songer que c'était un mal nécessaire et prit plaisir à les partager avec l'avatar, animé par une curieuse envie de tuer.
Virael éclata de rire, emplissant les cachots de son aura malsaine.

- Sendièl.... Tu as bien changé... Encore plus haineux envers les Dieux... Et vulgaire avec ca! Tes yeux... Ils ont changé aussi... AInsi tu es passé à l'acte, tu as tué un Dieu?

Saïthos s'accroupit face à Sendièl et met ses mains autour de ses épaules.
- Alors j'ai une question, mon ami, comment as-tu fait?

Si Virael avait pu agir, il se serait violemment dégagé de l'emprise de l'ange.
Mais il n'en fit rien, ravala sa colère et s'effaça.
Mieux valait que les amis de Sendièl ne surent rien de plus sur lui. Il souhaitait demeurer le hanteur haï aux yeux de tous ceux qui l'entouraient. Il le signifia à son double par la pensée puis se tut complètement.
Sendièl reprit ses esprits à son tour.

"Ce n'était qu'une...regrettable erreur, rien de plus. Je ne voulais pas particulièrement tuer ce Dieu là..."

Il avait beaucoup de mal à parler.

"Je ne suis plus vraiment un ange, d'accord? J'ai perdu mes ailes et un avatar me possède...les Dieux...ils jouent avec moi...comme je les hais..."

Il se rendit compte que depuis leur départ de la salle du trône, il avait serré les poings avec un force incontrôlable. Ses doigts étaient complètement crispés, indépliables.
Il dévisagea Saïthos en silence.

"Et toi?.... Combien as-tu changé, Saïthos? Jusqu'où es-tu allé pour défendre ta colère? Jusqu'où serais-tu...encore prêt à aller....?"

Sendièl semblait soudain profondément calme et sûr de lui, aussi téméraire qu'autrefois, lorsqu'il travaillait encore à la place de l'ange. Son regard s'était durci, son souffle, ralenti.
La douleur était pourtant toujours aussi forte.
Il voulait percer les pensées de Saïthos. Savoir si ce dernier ne le menait pas en bâteau afin d'obtenir sa soumission, car il était étonnant que les Dieux n'eurent pas été capables de deviner ses desseins, depuis tout ce temps...

"Qui...qui as-tu trahi..., Saïthos?"

Saïthos se relève et son regard se glace. Il aide néanmoins Sendièl à s'adosser contre le mur du cachot.
- Essaie de crier un peu, que l'on pense que je te torture...
Sendièl ne lui répond pas et soutient son regard, attendant une réponse.

L'ange souffle sur une mèche rebelle
- Très bien... Finalement tu n'as pas changé hein? Je n'ai pas trahi les Dieux, si c'est ce que tu veux savoir. J'attends tranquillement mon heure, et j'ai préparé les bonnes alliances...

Il marque une pause
- Maintenant que je te vois ici, je me dis que l'heure est peut être venue... Pour preuve de ma bonne fois je vais t'amener notre prisonnière. Prends soin d'elle, j'ai évité de peu qu'on ne lui coupe les ailes, mais elle est affaiblie et comme une coquille vide...

Il siffle. Sendièl en profite pour lâcher un hurlement de douleur, afin de n'éveiller aucun soupçon.
Un homme arrive presque aussitôt, portant dans ses bras une jeune femme à la tenue bleue caractéristique.
- Lauviah est une damnée, mais peut être la connais tu. Il semblerait que Zeus ait voulu la torturer afin d'en savoir un peu plus sur un dénommé Viraèl, un grand criminel que l'on croyait disparu pour toujours. Tu as son épée, tu dois donc la connaître. Prends en soin. Je te laisse quelques heures pour réfléchir. J'ai besoin de toi, pour accomplir notre vengeance. Tu as ce qui nous manque... Le pouvoir de tuer un Dieu...

Sendièl ne comprenait rien à ce que Saïthos disait. Il ne bouge pas quand l'homme dépose Lauviah à côté de lui. Il ne dit toujours rien quand Saïthos sort du cachot.

La porte se referme. Le silence se fait, entrecoupé des hurlements des prisonniers.

L'épée brille énormément.

Sendièl attendit d'être certain que le calme fût complètement retombé puis s'approcha du corps inerte de Lauviah et la saisit par les épaules.

"Aide-moi, Virael. C'est ton histoire, pas la mienne..."

L'avatar n'hésita pas longtemps, il s'insurgea dans les failles de l'esprit de Sendièl, que ce dernier avait volontairement laissées béantes.
La voix de l'ange changea de façon étonnante.

"Lauviah...c'est moi..."

Virael passa le bras sous le dos de la Damnée et l'approcha de lui afin de pouvoir déposer sa tête contre son épaule. Du bout des doigts, il écarta les quelques mèches de cheveux qui carressaient le visage de Lauviah.

"Je sais que tu préférerais continuer à "dormir" comme ça mais...il faudrait que tu profites de la présence de l'épée pour te réveiller, même quelques secondes, juste le temps d'un petit bonjour, je ne sais pas..."

Sendièl avait du mal à réaliser ce qui se passait. L'épée brillait plus fort que jamais et Virael semblait soudain prit d'un apaisement profond. Ni l'un ni l'autre ne ressentait plus la douleur du sceau.
L'avatar approcha son visage de celui de la Damnée.

"J'aimerais bien te voir sourir, Lauviah." Lui murmura-t-il à l'oreille.

Il se redressa ensuite, attendant une réponse.

Le miracle attendu a lieu. De l'épée scintillante sort une légère brume bleutée, souple, légère: l'âme de la damnée. Elle réintègre son corps par la bouche.
Presque aussitôt la poitrine de la jeune femme est prise de soubresauts. Elle tousse, éructe, soupire, comme une agonie. Mais il s'agit plutôt d'une seconde naissance. Lorsqu'enfin elle ouvre les yeux, ceux de Sendièl alias Viraèl pour le moment s'emplissent d'une joie et d'une quiétude sans nom. Il la serre un peu plus fort.
- Que tu m'as fait peur!

Lauviah relève légèrement le bras et pose la main sur la joue de l'ange lorsque celui ci se redresse.
- Vi... Viraèl... Tu es venu... Je t'avais dit de ne surtout pas le faire... Quand diable cesseras-tu de n'en faire qu'à ta tête?

Dans ses yeux luit cependant une reconnaissance presque palpable. Et elle lui fait le cadeau qu'il attendait depuis des siècles il semblerait: elle sourit.

Alors que Virael aurait du être profondément heureux, Sendièl le sentit triste.
Etait-ce à cause de l'état de Lauviah? Ou bien car il lui était impossible de lui parler en personne?
L'avatar se retira sans rien ajouter d'autre qu'un pâle sourire.
Sendièl s'écarta de la Damnée, s'asseyant près d'elle.

"Il semble très proche de vous..."

- Je.. euh.. oui, en quelque sorte... Disons que notre histoire est faite de silences, de sourires, et de non dits... Palpitant n'est-ce pas?
Mais vous semblez bien mal en point...
A ces mots Lauviah réprime une grimace de douleur. D'avoir réintégré son corps lui en fait sentir également les tortures...
- Les rustres, ils ne m'ont pas épargnée...

"Nous ne sommes QUE des Anges, soupira sendièl, pour notre malheur."

Il fronça les sourcils, écoutant Virael lui parler avant de continuer.

"Elle a changé. Disait l'avatar. Elle est..plus franche, plus forte.
-Moins "gourde"?"

Sendièl sursauta en se rendant compte qu'il avait parlé à haute voix. Il adressa à Lauviah un sourire gêné.

"Ca pourra jamais être pire que toi." Cracha Virael.

L'ange s'excusa auprès de la Damnée, ignorant la remarque.
Il se souvenait image par image de leur première rencontre et poussa un petit rire. La situation devait être étonnante à observer ce jour-là, quand ils s'étaient tous trois croisés au détour d'un couloir...

Lauviah n'avait pas repris Sendièl lors de sa dernière remarque. Elle était occupée à panser ses blessures.

Une silhouette se dessine en face de la porte du cachot. Comme un fantôme, elle pénètre à l'intérieur. Un capuchon cache son visage, mais Sendièl reconnait son aura.

- Comme je te retrouve, petit ange... Pardon, petits anges...
Il ignore Lauviah, cependant
- Alors comme ça tu as été capable de tuer un dieu... Dis moi, jusqu'où irait ta détermination?

Soudain Lauviah tremble comme une feuille. Visiblement, elle connait cete aura elle aussi, et elle la craint.

Sendièl parvint à se lever, miraculeusement et en hâte. Il avait reconnu le vieil homme qui l'avait accosté sur la Plaine des suicidés.
Il recula jusqu'au mur, comme pour pouvoir y prendre totalement appui.

"Tiens donc, murmura-t-il en portant la main à son sabre, si je m'attendais à vous voir ici...Landavar"

L'ombre de Virael s'extirpa soudain du corps de son hôte.

"Ton offre...on a bien fait de la refuser! S'exclama-t-il. C'est de la camelote ce collier, on a pas eu besoin de toi pour l'abîmer!
-Qu'est-ce que vous voulez? L'interrompit Sendièl. Et que donnez-vous en échange?"

Virael sembla très surpris de l'intérêt dont l'ange faisait preuve. Il s'approcha de lui, appréciant visiblement son aplomb.

- l'abîmer, tu dis??? uhuhuhuhu... Mon petit, ton collier est loin d'être sur le point de rompre....

Landavar s'approche de l'ange, son haleine atteint son visage.

- En revanche, si vous désirez encore tous deux être libres, je peux vous y aider. Je détiens à présent le pouvoir de faire tomber définitivement cette pacotille. Tout comme je connais le moyen, pour toi, de récupérer ton âme.

L'homme crache à terre. Sa salive dégage une fumée d'acidité.

Sendièl lança à Virael un regard entendu.
Il savait exactement ce qu'il allait faire, mais tout dépendait de ce que Landavar attendait.

"Vous ne m'avez pas répondu, vieil homme: que voulez-vous, EXACTEMENT? S'il ne s'agit que de tuer des Dieux, faites-moi une liste. Je suis prêt à accepter un certain nombre de choses. La seule chose que je me refuserai vraiment à vous accorder est le peu de liberté morale que j'ai réussi à gagner avec le temps. Mais il est évident que si vous m'en demandez trop, je rejetterai toute proposition."

Etrangement, Virael n'intervint pas. Il n'aimait pas se faire rouler et préférait attendre d'en savoir un peu plus sur les intentions de Landavar avant d'agir.

- Voyons, mon cher, je n'ai aucunement l'intention de vous priver, l'un et l'autre, de votre liberté morale... Vous ne semblez pas encore connaitre mes intentions et actions. Et bien c'est simple. Je recrute des gens qui ont les mêmes aspirations que moi. L'union fait la force, n'est-ce pas?
Et quelles sont ces aspirations? Le pouvoir principalement, mais surtout l'annhilation d'une certaine race: les Dieux... Et cela, je pense que nous l'avons en commun, non?

Landavar brandit son bâton et plusieurs scènes apparaissent comme par magie. En hologramme, Viraèl et Sendièl revoient tous les évènements les plus fâcheux de leur vie. Les moments les plus cruciaux, ceux qui ont le plus enclin leur conscience vers la haine des dieux...

- Donc telle est ma proposition: en échange de votre libération à tous deux, vous m'aidez dans mes desseins et tuez ceux que je vous demande de tuer... Car après tout, l'un comme l'autre, c'est ce que vous savez faire de mieux, non? huhuhuhu

"Je te prie de m'excuser!" Soupira Virael.


Son ombre disparut. Sendièl l'entendit grommeler intérieurement.

"Ferme ton esprit, Flinti. Et pense au lieu de parler, faut qu'on en discute avant de donner une décision."

L'ange obéit.

"J'ai déjà pris la mienne. Dit-il en pensée.
-Si tu me dis que tu veux le suivre...Jeta Virael avec colère.
-Où est le mal? Nous devons sortir d'ici!
-Si c'est une solution transitoire, je veux bien. Mais tu es du genre à te faire bêtement embobiner dans des plans de plus grande envergure et je ne tiens pas à rester coincé auprès de ce salaud! Il est de ceux qui m'ont causé du tort...
-Et si je compte prendre part à des plans de plus grande envergure, comme tu dis?
-N'oublie pas que si tu rejoins son camp, tu deviens un des pires renégats qui soient! Tu portes le sceau et ce n'est pas lui qui va t'en débarrasser...tu dois garder les Dieux de ton côté.
-L'un n'empêche pas l'autre!
-Ben voyons!"

Sendièl poussa un long soupir las. Il était agacé et se tourna face au mur afin de dissimuler sa colère.

"C'est toi qui voulais retrouver un corps valable, non? Reprit-il, toujours en silence. C'est une belle opportunité, qui sait si tu en auras d'autres?
-Désolé, mais je ne laisserai pas Lauviah pour ce genre de prétexte. Elle ne nous suivra pas forcément, le jeu n'en vaut pas la chandelle.

L'ange tapa du pied.

"De toute façon, jusqu'à preuve du contraire, c'est mon corps, c'est moi qui mène la danse!
-T'es bizarre depuis qu'on est arrivé ici, Flinti. Je te trouve bien caractériel ,d'un coup!
-Qu'est-ce que tu sais de moi, pauvre imbécile? Qui t'a mis en tête que j'étais quelqu'un d'honnête, de sage, ou je ne sais quelle autre merveilleuse qualité?"

Virael demeura silencieux un instant puis reprit:

"Les images qu'ils nous a montrées...nous avons maintenant tous deux une idée de ce qui se trame dans nos têtes respectives, tu crois pas?
-Ta gueule, tu me fatigues! J'ai fait mon choix, c'est aussi le tien, par la force des choses...
-Tu crois ça..."

Avant même que Sendièl put prononcer le moindre mot, Virael prit le dessus.
Il construisit autour de son esprit un rempart infranchissable, faisant irrémédiablement taire son hôte.

"Ecoute-moi bien Landavar. Dit-il avec une hargne non dissimulée. Tes plans de merde à deux balles, tu peux te les foutre où je pense. Fous-nous la paix une bonne fois pour toutes, on a pas besoin de toi!"

Landavar affiche un sourire dédaigneux en coin

- Très bien... Si monsieur l'avatar pense avoir tous les droits, montrons lui de quoi nous sommes capables...

Une douleur horrible étreint aussitôt Sendièl. Son cou se serre, sa tête est sur le point d'exploser...

- Argh.. AAAR... Que faites vous???

- Je prouve à Monsieur l'Avatar que le collier est bien plus vivace qu'il n'y parait...

A ces mots, le collier maudit récupère solidité et rutilance. Toutes ses fissures disparaissent. Son pouvoir se fait plus fort.

- Bien, il ne devrait plus nous ennuyer, Monsieur Sendièl... Alors, que pensez-vous de ce marché, vous, qui êtes visiblement plus ouvert d'esprit et surtout plus réfléchi?

C'est à ce moment que Saïthos réapparait. Il entre dans le cachot, nullement surpris par la présence de Landavar.
- Alors, a-t-il accepté?

Sendièl ouvrit des yeux ronds comme deux billes.

"Mais...Saïthos..."

L'ange avait un mauvais pressentiment, comme 7 ans auparavant, dans les couloirs de la Tour de Fer.
Il avait soudain envie de rejoindre la cause de Virael, comme guidé par une étrange prudence.
Il se tourna vers Landavar, l'air désappointé.

"Je n'aime pas trop cette façon d'agir, Landavar. Virael est un allié qui vous serait sûrement plus utile que moi."

Alors qu'il progressait dans ses explications, son regard se fit de plus en plus froid. Bientôt son visage n'évoqua plus le moindre sentiment.

"J'ai quelque chose à vous proposer...quelque chose de bien plus arrageant pour moi. Il est évident que je ne vais pas tout vous céder mais vous proposez certaines choses bien alléchantes. J'accepte de vous rendre UN service..."

Il fit un pas en avant.

"Entendons-nous bien...il ne s'agira en aucun cas de tuer qui que ce soit...vous avez choisi de bloquer Virael...vous en payez donc les conséquences: il était le tueur à gages, moi pas! Mais vous pouvez me demander ce que vous voulez, je me laisse tout de même le droit de refuser, en fonction de ce dont il s'agira. Dans ce cas, je saurai me défendre si vous décidez de me tuer."

En pronoçant ces mots, il lança un regard lourd de sens à Saïthos, conscient que ce serait lui qu'il devrait affronter si la mission ne le satisfaisait pas.

"Si ce que vous me demandez me semble réalisable, je veux que vous me débarrassiez du collier. C'est tout."

Landavar sourit de toutes ses dents.

- Pauvre petit, tu as reculéééé... Tu n'es certes pas le tueur à gages, tu n'en demeures pas moins un assassin... De ceux de ta race qui plus est !
Soit... Puisque tu refuses de rejoindre le rang des puissants, donnes moi simplement Excalibur, je briserai le collier.

Saïthos lance un regard empli de pitié à Sendièl
- Je croyais vraiment que tu choisirais la même voie que moi... La seule qui offre suffisament de puissance pour contrer les Dieux et leur folie meurtrière...

Il s'efface, attendant la décision de l'ange, dont la marque ultime continue d'effectuer son oeuvre: son buste est à présent totalement noirci.

Contre toute attente, Sendièl fouilla dans ses poches avec insistance.
Il en tira son paquet de cigarette et en alluma une.
Toujours aucune émotion sur son visage...il sentait son coeur et son âme se vider très lentement de tout discernement.
Il fixa Lauviah du regard, elle n'avait rien dit, pas bougé.
Excalibur...Etait-ce son épée?
Azriel n'avait jamais rien dit de tel, mais cela semblait plus qu'évident.
Une telle épée devait être bien capricieuse, il se permit donc de mettre l'humain et l'ange en garde.

"Prenez-la si vous voulez. Dit-il, en tendant l'arme à Landavar. Je ne pense pas que ses pouvoirs auront le moindre effet entre vos mains, mais vous devez savoir cela...vous connaissez certainement bien mieux son histoire que moi."

Malgré l'absence totale d'expression sur ses traits, les derniers mots de Sendièl sonnèrent avec beaucoup d'ironie.
Il se plaça devant Lauviah, par précaution.
Il se demanda cependant s'il parviendrait, dans un cas extrême, à la protéger de lui-même. Pour le moment, il lui était impossible de converser avec Virael et ses plus sombres instincts prenaient doucement le dessus sur lui.
Au final, l'avatar avait agi sur cette force comme un canaliseur. Sans lui, Sendièl était seul face à sa haine, bien incapable de la réfréner.
L'ange espérait que quelque chose allait se passer, qui mettrait fin à cette discussion et lui permettrait de garder l'épée. En effet, il craignait qu'elle le fît mentir et se révèlât un outil dangereux entre les mains de cet homme.
Volontairement, il avait laissé son aura se répandre inexorablement autour d'eux.
Quelqu'un allait bien finir par la sentir et, alerté, se rendrait sur place pour intervenir. Il le fallait...ne fût-ce que pour contenir sa propre folie...

[HRP] Ca marche comment le lancer? o_o Bon, je teste[/HRP]

Landavar se saisit de l'épée. Il la contemple avec un sourire carnassier, l'examine sous toutes les coutumes. Lauviah se met à pleurer doucement
- Ca ne peut être celle-là... Cette épée est un trancheur d'âme, certes, mais pas une tueuse de Dieu... Non....
Le vieil homme gémit d'agacement.
- Non, non ce n'est pas ça! Où est l'oeil de dragon?? Ce n'est pas la bonne! Tu te moques de moi!

Saïthos s'approche de Sendièl, et se saisit de son sabre. Il le lance ensuite à Landavar
- Est-ce celle-là alors?

Landavar examine cette nouvelle épée, puis la lance au sol.
- Non! Pas ca non plus! Quel est le problème, Sendièl? Comment as-tu pu tuer un Dieu sans Excalibur? Parle!

Sendièl décida de feindre l'ignorance.
Il n'avait nullement l'intention de se trahir car cette fausse mort d'Apollon lui conférait un statut confortable.

"C'est dommage...Virael le sait, lui."

Il observa ses ongles avec intérêt.

"Mais il ne peut plus parler...comme c'est embarrassant!"

Landavar se dresse de toute sa hauteur.

- Bien, nous nous reverrons. Ou peut être pas. Je te laisse entre les mains des Dieux que tu haies tant. Saïthos, fais-le souffrir.

- Mais...
- Voyons, il parlera peut être.

Landavar sort, se drapant dans sa cape à défaut de sa fierté.

Saïthos sort après lui, non sans avoir lancé un regard triste à son ancien ami.

Sendièl ramassa les deux armes.
Il rengaina son sabre et rendit son épée à Lauviah.

"Ne la laisse plus traîner..."

Sa haine brûlante ne s'était toujours pas calmée.
Il s'assit dos au mur, enserra ses genoux des bras et demeura parfaitement immobile, la contenant du mieux que cela lui était possible.
Un seule pensée lui traversait l'esprit à présent, envahissante et à répétition.

Prends le sabre et tue, prends le sabre et tue...